"Native informant" et Islam

La notion de « native informant » (informateur indigène) est intrinsèquement liée à l’Histoire mouvementée du colonialisme. A toutes époques de l’Histoire humaine, et au fur et à mesure où les empires et dynasties étendaient leur domination politique, économique et culturelle sur les contrées envahies, colonisées, ils avaient un impérieux besoin de recourir aux services d’interlocuteurs locaux, ne serait-ce que pour assurer une meilleure communication avec les populations dominées.


Avec le temps, et selon les besoins et situations nouveaux, la notion d’interlocuteur évolua considérablement. Les forces colonisatrices formèrent des intermédiaires culturels autochtones en vue de jouer un rôle d’interface qui puisse leur permettre d’accéder plus aisément au passé, us, coutumes, pratiques des peuplades indigènes, et contribuer ainsi à mieux les connaître.

Aujourd’hui, cette notion de « Native informant » qui semble anachronique, est pourtant toujours d’actualité. Elle subsiste, bien que la grande majorité des colonies devinrent indépendantes au lendemain de la Seconde Guerre mondial, en prenant d’autres formes toutefois. La persistance de cette notion à l’époque actuelle se matérialise dans les faits lorsqu’on analyse les rapports de l’Occident avec l’Islam, en l’occurrence les anciennes colonies où l'Islam constitue toujours une religion d’Etat, ou du moins la religion dominante.

C’est ainsi que la parole fût donnée par les maisons d’éditions et plus généralement les autres médias occidentaux, à de « bons musulmans », dans une tentative de décrypter les mystères d’une religion qui a toujours fasciné l’Occident, et il faut dire que les candidats étaient nombreux.

Mais les intentions n’étaient pas toujours bienveillantes, car certains milieux politico-médiatiques, notoirement connus pour leur hostilité à l’Islam et les musulmans, avaient recours à des musulmans réputés pour leur critiques acerbes sur leur propre religion, d’abord par besoin d’entendre ce qu’ils avaient envie d’entendre, et surtout pour nuire et décrédibiliser une religion qui commençait à prendre un peu trop de place et devenir de plus en plus visible, voire même envahissante. Ces milieux, niaient cette hostilité qui crevait les yeux, prétextaient une fausse neutralité et, ces musulmans à qui ils donnaient la parole, des tribunes, qui étaient invités aux radios et plateaux télés, présentant en gage de leur « bonne foi » que les musulmans qu’ils mettaient ainsi en avant pensaient et exprimaient la même chose qu’eux à propos de l’islam.

Et depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001 sur le sol américain, la notion de « native informant » prit une forme beaucoup plus radicale. Et contrairement à la fascination fantasmée évoquée précédemment, et au lendemain du 11 septembre 2001, on a eu l’impression que le monde entier découvrait l’Islam et les musulmans pour la première fois, sous un jour sombre et peu flatteur.

Les milieux politico-médiatiques islamophobes avaient donc fini par se décomplexer. Mais le manque de maîtrise et de connaissances de la religion musulmane se faisait lourdement sentir. Depuis, ils eurent recours à une nouvelle catégorie de « native informant » qui n’était pas très visible auparavant, mais qui a fini par devenir majoritaire durant ces 20 dernières années. Avec la démocratisation d’Internet et le développement des chaînes d’info en continu via les réseaux satellitaires, les apostats de l’Islam commencèrent à avoir plus de visibilité.

Les prétextes avancés évoluèrent à leur tour. Désormais ce n’était plus la soi-disant neutralité des milieux politico-médiatiques islamophobes qui justifiait le choix de mise en avant et de médiatisation à outrance des ex-muslims, mais bien le souci de donner la parole à des personnes n'ayant aucune complaisance et aucunement tenues de prendre des pincettes avec l'Islam et les musulmans.


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